Ca fait jazzer

Accessibilité: Circulez, y'a rien à voir



La nouvelle était attendue mais bon ça y est c'est officiel ! Certains ERP traduisez Etablissement Recevant du Public bénéficieront d'un délai supplémentaire de dix ans maximum pour être accessibles aux personnes handicapées.
Comme on pouvait s'y attendre, la levée de boucliers des principales associations n'a pas tardé !
A grand renfort de pétitions et d'actions symboliques (bus bloqués, manifestations dans les lieux publiques concernés ...)  une poignée de représentant associatif a tenté de faire entendre sa désapprobation:  "Ça fait plus de 30 ans qu'on attend, alors attendre 10 ans de plus c'est scandaleux !" Manque de chance, leur contestation a vite été supplantée par l'Affaire Sarkozy et les élections municipales.   Aie, Aie Aie ... L'impitoyable loi de l'Agenda, une information en chasse une autre !


Source: handicapinfos.com




N'allez surtout pas croire que je me réjouis de ce report . Je me dis simplement, que malgré le discours ambiant qui prône l'intégration à tout bout de champ, il faut rester terre à terre et tenter de comprendre les obstacles à l'application de cette loi,sans langue de bois.
Rappelons tout d'abord que les personnes handicapées au sens large ne représentent qu'un peu plus de 2% de la population française.
Par conséquent, le montant des travaux de mise en accessibilité est inversement proportionnel à l'importance de son public cible. Face à ce constat implacable, il me semble qu'à défaut de l'approuver, on peut tout à fait entendre que ce chantier ne soit pas prioritaire dans le contexte économique actuel.

Le handicap,  un business lucratif 

Allez savoir pourquoi, à l'aire du low - cost et de la libre concurrence, tout ce qui à trait de près ou de loin au secteur du handicap reste hors de prix. La cause? Un très faible nombre d'acteurs sur ce marché spécifique dit "marché de niche" où il est quasi impossible de faire jouer la concurrence.
Conséquence: le prix d'un équipement -  même banal - siglé handicap peut parfois être multiplié par quatre par rapport à un équipement similaire dans le circuit de distribution classique. 
Citons par exemple le cas du fameux robot aspirateur que tout un chacun peut trouver dans une enseigne de la grande distribution mais dont le prix est miraculeusement multiplié de façon exponentielle lorsqu'il est vendu dans une boutique dédiée au handicap sous prétexte qu'il favorise l'autonomie de la personne. 

Même refrain pour les aménagements du bâtis qui ne peuvent se faire sans l'intervention d'architectes prétendument spécialisés mais dont la spécialisation se limite souvent à quelques heures de formation. 
Sans faire de généralités, bon nombre d'entre eux n'ont pas de véritable connaissance du handicap "de l'intérieur" et se contentent de veiller à l'application de normes préétablies. Tant pis si ces dernières ne s'adaptent pas toujours aux lieux concernés, l'essentiel est de pouvoir gonfler la facture en toute légitimité !

Résultat, le moindre aménagement-  si petit qu'il soit - se chiffre en milliers d'euros. Des sommes facilement absorbables pour des grandes structures mais beaucoup plus difficiles à consentir pour des petits commerçants dont beaucoup luttent déjà pour la survie de leur affaire. On comprend alors mieux que certains d'entre eux demandent  un report de la mise aux normes de leurs locaux, non par indifférence ou mauvaise fois mais tout simplement parce qu' en dépit des aides octroyées par l'Etat, le montant des transformations à entreprendre mettrait assurément leurs commerces en péril.
Prenons par exemple le cas d'un snack d'une capacité de 25 couverts. Au delà du coût financier non négligeable, l'espace nécessaire aux différents aménagements (rampe d'accès, création de toilettes accessibles ...) équivaudrait à neuf couverts. Soit une perte potentielle de 19 clients par jour !
 Tout ça  pour faciliter la venue, toujours hypothétique de deux ou trois handicapés par semaine tout au plus! Il n'y a pas vraiment besoin d'avoir fait Maths Sup' pour comprendre la réticence des gérants.

Un système D pas assez valorisé


On a tendance à l'oublier mais beaucoup de commerçants et de petites collectivités n'ont pas attendu la Loi de 2005 pour rendre leurs locaux accessibles et ont entrepris des travaux de leur propre chef en faisant appel à leur sens pratique. Armés de sacs de ciment et de planches certains ont conçus plans inclinés et autres dispositifs faits avec les moyens du bord mais souvent suffisants.
Mais, patatras ! Ces précurseurs se voient aujourd'hui contraints de détruire leurs installations sous prétexte qu'elles ne sont pas aux normes et n'ont pas été validées par un expert. 
Moralité, leur volonté d'initiative se retourne contre eux puisqu'ils doivent assumer le coût de démolition des aménagements préexistants avant d'en entreprendre de nouveaux répondant bien gentiment aux normes cette fois ! De quoi décourager certains d'entre eux !


Autant de handicaps que de handicapés

Journalistes et hommes politiques ont coutume de parler du handicap et non des handicaps. Pourtant il y a en réalité presque autant de formes de handicaps que de personnes handicapées.
Même deux personnes ayant la même pathologie auront des difficultés différentes. Certains seront invalides de la main droite, d'autres de la main gauche, Certains auront des muscles abdominaux et d'autres pas ...
De fait, aucun aménagement, aucune norme ne pourra jamais convenir à 100% des personnes concernées.

Il y aura donc toujours des gens insatisfaits Ainsi va la vie ...  Et puis, vivre dans un monde 100% adapté priverait les fous roulants que nous sommes de toutes nos petites mésaventures quotiennes qui donnent ce coté palpitant à nos vies et en font des vies pas pas tout à fait ordinaires.





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