L'orientation sur des roulettes : attention aux sorties de route !

Les vacances de Pâques approchent à grands pas et, pour tous les lycéens de France, il est désormais temps se pencher sérieusement sur l'épineuse question de l'orientation 
Entre la crainte des parents de voir leur progéniture s'engager dans une filière n'offrant pas suffisamment de débouchés et la multitude de formations existantes, bon nombre de "bipèdes" sont totalement déboussolés dans la jungle de l'orientation. Dès lors, vous imaginez bien que pour des "fous roulants" cela peut carrément relever du parcours du combattant. Voici donc quelques règles d'or à respecter pour vous assurer une rentrée universitaire sans embûches ou presque.




1. Construire un projet avec son handicap 


Conseillers d'orientation et autres professeurs bien intentionnés vous répéterons à l'envi que votre handicap ne doit pas être un frein à votre orientation future. Bien entendu, leur discours est louable surtout lorsque l'on sait que des générations entières d'étudiants handicapés ont été cartonnées aux métiers de la la vente et du secrétariat sous prétexte que leur handicap ne leur permettait pas de faire autre chose. Pour autant, votre handicap est une réalité, Il fait partie de vous. Il est donc impératif de l'intégrer à votre projet professionnel sous peine de vous exposer à un échec cuisant !

Plus que pour tout autre élève, il est indispensable pour vous de prendre le temps de construire un véritable projet d'orientation, idéalement dès la classe de Première. 
Evidemment, il n'est en aucun cas question de vous orienter par défaut mais simplement de trouver la formation qui vous permettra de concilier au mieux vos envies et les contraintes inhérentes à votre handicap: (fatigabilité, difficultés de déplacement...)
Vous vous en doutez, la réponse à cet épineux dilemme ne viendra pas par enchantement ! Il vous faudra multiplier les recherches et les contacts.
On y pense rarement mais, il me semble tout à fait judicieux de commencer par discuter de votre projet avec les médecins spécialistes qui vous suivent (neurologues médecins rééducateurs...) Ce sont en effet les seuls à connaitre parfaitement votre pathologie et ses conséquences. Par ailleurs, ils vous suivent souvent depuis de nombreuses années et connaissent donc votre mode de vie mais aussi et surtout les difficultés engendrées par votre handicap (douleurs, impossibilité d'effectuer certains mouvements)... Autre élément d'importance le corps médical est à même de vous renseigner sur l'évolution de votre handicap dans les années à venir.  Or, ce paramètre est fondamental pour le choix de votre futur métier.

Dans un deuxième temps, n'hésitez pas à contacter les responsables pédagogiques des formations auxquelles vous postulez. Mieux encore, rendez-vous sur place pour vous rendre compte du degré d'accessibilité des locaux mais aussi et peut-être surtout de l'état d'esprit des équipes face au handicap. En effet, si une université affiche un taux de réussite un peu plus bas qu'une autre mais qu'elle vous semble plus adaptée, plus sensible au handicap ... Choisissez là sans hésiter ! Pourquoi ?
Tout simplement parce que vous vous engagez pour plusieurs années. A long terme, les amphithéâtres inaccessibles, toilettes exiguës et autres portes exagérément lourdes seront autant d'obstacles quotidiens qui auront des récursions sur votre moral et par conséquent sur votre réussite.
S'il existe un Bureau des Etudiants ou une association d'anciens élèves au sein de l'université, n'hésitez pas à demander les coordonnées des étudiants handicapés fréquentant ou ayant fréquenté les lieux pour connaitre leurs expériences et les obstacles auxquels ils ont été confrontés.

2. Formuler des besoins clairs et précis

Depuis la loi sur l'accessibilité 2005, la plupart des universités françaises se sont dotées d'une Mission Handicap. En toute logique vous rencontrerez les membres de la Mission de votre université quelques mois avant la rentrée afin d'évaluer vos besoins en termes d'aménagement des locaux, d'aménagement horaires ou encore d'aide humaine. Listez tous vos besoins du plus important au plus accessoire Ne vous autocensurez pas en pensant que vous en demandez trop. Chaque université dispose d'une enveloppe dédiée au financement des aménagements nécessaires à l'accueil des étudiants handicapés alors profitez-en ! .
Le Médecin de la Mission Handicap, discutera avec vous des mesures à mettre en oeuvre pour faciliter votre intégration. Il vous informera également des mesures compensatoires dont vous pourrez bénéficier (secrétaire pour la prise de notes, tiers temps pour les partiels, aménagement d'emploi du temps) ...

Parallèlement, vous pouvez rencontrer un Conseiller de l'AGEFIPH, un organisme spécialisé dans l'insertion professionnelle des Travailleurs Handicapés qui propose des entretiens individuels et des offres d'emploi ou de stage.
Attention toutefois, le délais d'attente pour obtenir un premier rendez-vous est souvent relativement long.

3. Savoir anticiper 


Croyez-en mon expérience, l'anticipation est LE maître mot d'une orientation réussie. N'attendez donc pas le dernier moment pour y penser. Il ne s'agit pas seulement de pouvoir aller à la fac. Il faut aussi et peut être surtout penser à tout ce qu'il y a autour.

  •  La recherche du logement idéal

Rechercher un logement est une épreuve redouté pour tous les étudiants de France mais à plus forte raison par ceux qui se déplacent en fauteuil. Si tel est le cas, votre choix sera bien entendu limité par la question du "budget loyer" mais aussi pas un d'autres contraintes inhérentes à votre statut de "fou roulant"
Vous aurez
évidement du mal à faire entrer votre engin à roulettes dans une chambre de bonne de 9m². Veillez donc à ce que votre studio fasse au minimum 20 m². Soyez également vigilants aux abords de votre lieu d'habitation. Rien ne sert en effet d'avoir un appartement très bien adapté si les trottoirs autour sont impraticables ou les lignes de bus inaccessibles. Contrairement à ce que font beaucoup d'étudiants valides, n'attendez pas la fin de l'été pour entamer vos recherches. Vous devez en effet gardez à l'esprit que, contrairement à vos amis "bipèdes", vous ne pouvez pas emménager dans le premier studio venu. Même en faisant abstraction de vos critères de choix personnels (exposition des pièces, appartement meublé ou non...), votre handicap nécessite un certain nombre d'aménagements sans lesquels il vous sera impossible de vivre  de manière autonome (largeur des portes, douche à l'italienne, hauteur du plan de travail ...) Or, peu d'appartements réunissent ces critères et les professionnels de l'immobilier sous estiment souvent l'importance de ces adaptations qui ne sont pour eux que des "détails" pratiques. La meilleure solution pour vous sera donc de vous tourner vers le CROUS de votre région. Cet organisme en charge des Cités Universitaires disposent de studios spécialement aménagés pour les étudiants handicapés. La demande reste cependant supérieure à l'offre. Alors, là encore n'attendez pas le dernier moment pour déposer un dossier. Pour plus d'information consultez l'article consacré au logement étudiant en cliquant ici.



  • Les intervenants paramédicaux: des alliés de premier plan

Souvent relégué au second plan, le choix des soignants qui interviendront auprès de vous tout au long de votre parcours universitaire occupent pourtant un rôle clé. En vous assistant jour après jour dans votre quotidien, auxiliaires de vie, infirmiers et autres kinésithérapeutes formeront une équipe poursuivant un objectif commun votre réussite. Compte tenu du nombre d'heures relativement important que vous serez amené à passez avec eux, il est primordial qu'il y ait une bonne entente entre vous. De même, pensez à les contacter suffisamment en amont pour que les détails de votre prise en charge soient réglés avant la rentrée. L'idéal étant de débuter la prise en charge une semaine avant le jour J afin d'ajuster les horaires et d'apprendre à connaitre les intervenants auxquels vous aurez affaire.

Chers amis blogueurs forts de tous ces conseils, vous êtes maintenant armés pour trouver votre chemin dans la jungle de l'orientation.

Commentaires

  1. Arthur, Thomas, Damien et les autres, si vous voulez partagez vos propres expériences, n'hésitez pas !

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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